samedi 4 février 2012

Dis-moi comment tu écris...

  ©Patlaine
2009

Gwen a publié un joli billet aujourd'hui, à propos d'un article paru dans la revue XXI (au passage, il faudra que j'aille voir leur site internet) et d'une interview d'un auteur turc, Ohran Pamuk (je crois bien que j'ai Neige à la maison, qu'il est dans ma pile de livres à lire, mais que je ne l'ai pas encore ouvert. Hem.), qui explique comment il écrit. Alors j'aurais bien répondu dans les commentaires, chez Gwen, mais quand j'ai fait la liste de ce que je voulais dire, je me suis rendu compte que ça prendrait pas mal de place, et je ne veux pas pourrir son blog, puisque c'est le sien et non le mien. Eh eh...
Donc, je vais tenter de répondre à sa question ici, parce que ça peut peut-être intéresser quelques-uns de mes lecteurs (et puis aussi parce que c'est mon blog et que j'y écris ce que je veux, comme je veux, et c'est déjà une excellente raison en soi !)

Alors comment j'écris ? Je me retrouve beaucoup dans ce que dit Ohran Pamuk, à quelques limites près. Il dit par exemple qu'il écrit face au Bosphore. Ben déjà, c'est pas mon cas. Parce que le Bosphore, c'est un peu loin, si vous voyez ce que je veux dire. Donc je fais plus simple et plus alsacien. J'écris dans ma chambre, au deuxième étage de ma maison, face au Christ. Ben oui, je me rends compte au fil du temps qui passe que c'est là, devant Lui, que me vient l'inspiration, et que du coup, ce que j'écris a du sens et correspond réellement à ce que je suis, à ce que je vis et à ce que je veux dire. Je ne vais donc pas bouder ce lieu !
Conséquence de ce premier point : j'écris tout sur papier, et pour l'occasion, je me suis acheté plusieurs stylos ! Parce que pour tout, je suis légèrement excessive. Pour la nourriture, pour les amitiés, donc aussi pour les achats. J'ai donc pas moins de 5 stylos plume, de tailles et couleurs différentes, que je m'approprie différemment selon le type d'écrits (pour des cartes, des envois, des brouillons, des dédicaces de mon premier roman...). Et puis surtout parce que je croyais avoir perdu les cartouches du premier que je m'étais offert quand j'ai signé le contrat d'édition de La Messagère du Temps, alors qu'en fait, elles étaient sagement rangées quelque part dans mes affaires... Il serait temps que j'intègre une de mes caractéristiques : je suis bordélique, mais ça empire si je me mets en tête de ranger. Eh oui, c'est comme ça...

Ohran Pamuk, lui, utilise aussi le papier et le crayon. En ce sens, je me retrouve très bien dans ce qu'il dit. Mais lui, c'est une question d'habitude. Pour ma part, c'est une question de visibilité. Sur un écran, je vois ce que j'ai écrit juste avant, et ce que je suis en train d'écrire, mais je n'ai aucune visibilité d'ensemble. Du coup, je me perds dans mon récit, je ne sais plus où je vais ni où j'en suis, et alors j'arrête tout et je recommence dix fois. Comme ce n'est pas vraiment productif et que du coup, ça m'énerve parce que je n'aime pas perdre mon temps, je suis revenue au papier et au stylo : je peux étaler mes feuilles partout dans ma chambre, et c'est bien plus clair pour moi (à croire que j'ai besoin de bazar pour mettre mes idées en ordre. Contradiction, quand tu nous tiens...).

Ohran Pamuk dit aussi qu'il se couche tous les soirs à 22h30 et se lève tous les matins à 6h30. Il va se baigner, prend son petit déjeuner, encore embrumé du sommeil de la nuit, et se met à écrire directement. Alors pour ma part, j'ai les mêmes horaires, mais pas du tout pour les mêmes raisons. 22h30 parce que c'est l'heure à partir de laquelle je ne réponds plus de rien. Et 6h30 parce que c'est soit l'heure à laquelle je dois me lever pour être à l'heure au travail, soit l'heure à laquelle je dois me lever pour que les enfants soient à l'heure à l'école, selon que je travaille ou pas. Et le week-end, parce que c'est l'heure à laquelle les enfants se lèvent et commencent à jouer en mettant le volume sonore un peu trop haut pour donner la chance à leurs parents de faire la grasse matinée (Je ne me fais pas d'illusions, là : ça changera forcément un jour, et ce jour-là, je râlerai parce qu'il faudra les tirer du lit pour qu'ils soient à l'heure au lycée...). Et bien sûr, si je me lève, ce n'est pas du tout pour écrire... En revanche, j'écris quand je peux. C'est-à-dire quand j'ai fini de ranger les courses et la cuisine, et/ou quand la première lessive est étendue et que la seconde est dans la machine, ou encore quand les enfants sont occupés ailleurs, chez leurs copains, dans leurs chambres... et que j'ai du temps devant moi. Je ne parviens pas, comme Gwen, à m'imposer un emploi du temps pour écrire (tous les matins de telle heure à telle heure par exemple), parce qu'il y a toujours des tas d'imprévus : magasin fermé m'obligeant à changer mes plans à la dernière minute et aller plus loin pour faire les courses, amie qui sonne à la porte pour un dépannage quelconque, mémoire qui revient d'un truc que je dois faire depuis des lustres et que je n'ai pas encore trouvé le temps de faire, etc... Du coup, c'est quand je peux, si je peux. Et ça n'avance pas bien vite. Les derniers temps, c'était le soir, après le travail, mais je suis vraiment beaucoup plus productive le matin, c'est un fait établi, testé et approuvé.
Alors je réfléchis beaucoup, en ce moment, à une discipline à laquelle je pourrais m'astreindre afin de me mettre plus vite dans de bonnes conditions pour écrire, sachant que c'est quand même un peu un défi avec les contraintes auxquelles je dois faire face...

J'ai bien conscience que cet article est quelque peu nombriliste, mais en fait, je me dis que ce n'est pas bien grave : mon blog n'est pas beaucoup lu, je ne me fais pas beaucoup d'illusions là-dessus, et ceux qui auront eu la patience et la gentillesse de me lire jusqu'au bout sont soit masochistes, soit intéressés, soit ce sont des gens qui m'aiment bien et sont très indulgents avec moi, alors vous êtes tous remerciés chaleureusement !

8 commentaires:

  1. Nombriliste? Non, on a le droit de parler de soi! Je discutais jeudi avec Jeanne qui participe parfois à l'atelier d'écriture. Elle a une amie qui a fait une partie de ses études en Irlande et il parait que là-bas, les cours de littérature sont beaucoup basés sur des productions personnelles, on part de soi pour aller vers les autres. On ne fait pas comme ici, l'Auteur, rien que l'Auteur et nous si misérables et petits à côté. Du coup, l'écriture est beaucoup plus pratiquée, non pas sous forme de dissertation mais d'écrits plus proches de ce qu'on trouve ici dans les ateliers d'écriture. En tout cas, ce genre de billet est aussi un meilleur moyen pour tes lecteurs de te connaître. Merci d'avoir répondu à l'appel! :-)

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    1. Au départ, c'était juste une boutade, mais je ne voulais pas polluer ton blog... :)
      Merci pour ton appréciation, ta lecture ! Et j'aimerais vraiment que l'écriture soit décomplexée, ici... ça libérerait pas mal de choses chez beaucoup de monde, je pense ! :)

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  2. Moi aussi j'aime bien savoir comment tu écris... toujours intéressant de voir comment font les autres (ça peut donner des idées d'ailleurs).
    Maintenant, je me demande ce qui peut t'inspirer pour tes histoires :)

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    1. Ce qui m'inspire ? Alors, là, bonne question. Pendant longtemps, j'ai cru que c'était les contraintes d'écriture (sur le blog de Gwen au départ, et sur les autres par la suite : listes de mots, comme j'avais fait pour mon roman). Mais je me rends compte en écrivant la suite de ce fameux roman que l'inspiration est là : j'ai envie de raconter une histoire. Alors c'est peut-être plus facile de partir de personnages qui existent déjà ? Mais l'histoire est radicalement différente de la première. Même si les personnages sont les mêmes. Donc ce qui m'inspire, c'est toujours aussi mystérieux :) !

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  3. Ou peut-etre qu'à force d'ecrire, la partie "inspiration" de ton cerveau a gagne en place et est plus prolifique :)

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    1. Ah ben ça aussi, c'est possible, ce qui voudrait dire que plus on écrit, et plus on est inspiré, et donc plus on doit écrire ??? :)

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  4. intéressant de découvrir comment les unes et les autres écrivent. Pareil que toi, je le fais sur papier et quand je peux. Ah tu vois ce Il est face à toi quand tu écris !!!

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    1. Eh oui... Dans le texte d'aujourd'hui, je n'ai pas voulu lui donner de nom, parce que d'autres pourraient lui en donner un autre... Mais pour moi, c'est clairement le Christ, en effet ! :)

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