vendredi 17 décembre 2010

Un Matin de décembre

La rue s'anime lentement. Un bus arrive à l'arrêt, une dizaine de personnes en descendent, une demi-douzaine y montent. Le chauffeur ferme la porte et est interrompu par un cri : "S'il vous plaît ? Vous pouvez m'ouvrir ?"
Un retardataire ? Ou peut-être n’est-il pas encore totalement réveillé ? Le chauffeur, bien luné, ouvre la porte, l'homme sort et se dirige vers le bâtiment. Il a sans doute encore du trajet à faire...
Un jeune couple s’attarde sur le trottoir, malgré le froid. Dernier baiser amoureux avant de se séparer : il ira à gauche, vers la ville, elle va à droite : sa route n’est pas encore terminée…
Certains sont en effet arrivés, d’autres partent seulement, quelques-uns ne font que passer, en transit entre ici et ailleurs.

Il est encore tôt. Le soleil n’est pas encore levé. Dans les couloirs, sur les quais, les gens se croisent ; les plus réveillés sourient aux visages qu’ils reconnaissent, ou connaissent à force de les croiser aux mêmes heures, aux mêmes endroits, tous les jours de la semaine. Des amitiés se sont nouées, des discussions, interrompues la veille au soir, au même endroit, reprennent. Les nouvelles s'échangent, c'est une sorte de petite communauté qui se retrouve dans les escaliers, dans les couloirs.
Les gants, bonnets et écharpes sont sortis : l’hiver est bien là, arrivé cette année avec deux semaines d’avance. Il fait étrangement calme dans les rues. D'habitude, il y a plus de bruits, d'impatience, de klaxons, de crissements de pneus, d'énervement, même. Mais aujourd'hui, tout semble étrangement silencieux. Les automobiles roulent moins vite que d’habitude, les piétons et les cyclistes ne semblent pas aussi pressés que les autres matins, ils ont l'air plus prudents aussi, plus tranquilles, comme si quelque chose avait changé… la météo de la veille y est-elle pour quelque chose ?
Malgré le calme apparent, le quai, quasiment désert tout à l’heure, s’est rempli en quelques minutes. Silencieusement, les voyageurs avancent, prêts. Les discussions sont feutrées, comme pour ne pas déranger ceux qui ont encore besoin de temps pour émerger du sommeil interrompu trop tôt, comme toujours en hiver.

"Le train TER 200 numéro 96209, en provenance de Sarrebourg et à destination de Bâle, départ 7h41, va entrer en gare, voie D. Veuillez prendre garde au marche-pied gelé".
D’un seul mouvement, les personnes présentes semblent s’animer ; certaines sortent de leur torpeur, comme réveillées pour de bon, d’autres stoppent un instant leurs discussions et semblent soulagées : aujourd’hui, le train circule normalement, ils arriveront peut-être à l’heure au travail.
Le train s’arrête, les voyageurs se pressent autour des portes des wagons. Bizarrement, l’atmosphère semble encore plus fraîche, comme si la chaleur du train, anticipée, rendait le froid du matin encore plus prégnant.

Une nouvelle journée commence. C’est l’hiver, il a neigé hier ; aujourd’hui, mercredi, les enfants n’iront pas à l’école : ils auront sans doute le temps de faire des boules de neige ou des bonshommes. De la neige est encore prévue dans les prochains jours, un temps idéal avant les vacances de Noël. Idéal, sauf pour ceux qui, comme tous les matins, guetteront l’arrivée du train pour aller travailler ou… partir en vacances.

Amélie Platz, 15 décembre 2010.

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