dimanche 9 janvier 2011

Le pain au chocolat du supermarché

Gwen nous fait cette semaine un joli atelier avec un exercice un peu difficile pour moi : le pastiche. Difficile, voire impossible, car je n'ai pas lu Philippe Delerm, je ne peux donc pas écrire "à sa manière"... J'ai donc écrit un texte en essayant de jouer le jeu, en me laissant guider par l'inspiration. Je ne sais pas du tout si ça répond à la consigne donnée, mais l'essentiel étant de participer, on verra bien !

Bonne lecture ! Le texte est bien plus court que la semaine dernière, vous verrez !


Le pain au chocolat du supermarché

On n'avait pas beaucoup d'argent. Les courses en centre-ville, dans les petits commerces, on ne connaissait pas. Il n'y avait qu'un seul plaisir : le pain au chocolat du vendredi. On attendait le retour de maman avec les courses ; après l'école, on savait qu'on aurait un bon goûter. Avec mes frères et sœurs, c'était à qui arriverait le premier pour déballer les courses et trouver la boîte en plastique renfermant les précieuses viennoiseries. Qu'est-ce qu'on les aimait, celles-là ! Deux barres de chocolat à l'intérieur, c'était tellement meilleur ! Et quand on arrivait à attendre, on les réchauffait quelques minutes au grille-pain... le chocolat fondait, et nos doigts graisseux s'amusaient à dépiauter la pâte feuilletée jusqu'au cœur fondant, pour faire durer le plaisir. Les miettes tombées sur la table faisaient l'objet d'âpres combats, et on terminait en se léchant avidement les doigts. Tout le week-end et la semaine suivante avaient ainsi le goût du souvenir de ce pain au chocolat tant attendu, tant espéré. Certaines semaines, notamment à la fin du mois, le porte-monnaie vide de maman nous faisait craindre qu'il faudrait patienter un peu plus longtemps que d'habitude. Et quand le vendredi revenait, on attendait l'heure du goûter en espérant que maman n'aurait pas oublié notre petit plaisir hebdomadaire.
Devenus adultes, le pain au chocolat du vendredi a disparu. Trop puéril. Trop prévisible. Supplanté par les gâteaux faits maison et les brioches de la machine à pain. La vie d'adulte, un bon travail, un salaire plus que décent, le rythme effréné du quotidien, la maison au centre-ville, la mode du bio et du manger sain ont eu raison de cet innocent plaisir. Je profite de la boulangerie au coin de la rue pour acheter des viennoiseries au bon beurre en lieu et place de l'huile, moins chère, utilisée autrefois pour confectionner les pains au chocolat du supermarché ; des viennoiseries plus « saines », plus nourrissantes, moins grasses, plus aérées, plus feuilletées...
On sait qu'elles sont meilleures. J'ai simplement du mal à y retrouver le goût de mon enfance.

Amélie Platz, 9 janvier 2011.

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