lundi 3 décembre 2012

Ca m'horripile !

Le dernier sujet de Gwen, hier, m'a interpellée. "Ca m'horripile !" et comment ! Des tas de choses m'horripilent en ce moment... Seulement, je suis un peu embêtée : elle dit dans son billet qu'elle ne veut pas finir au tribunal pour diffamation... et que nous devons donc masquer le nom de la personne (si on s'en prend à une personne) dans le flou artistique. Soit. Je veux bien essayer. Mais vu ce qui m'horripile en ce moment, ça va quand même être un sacré défi de le "masquer"... A moins de l'appeler "Zorro" ? Soit.

Zorro est donc arrivé, sur son fier destrier, au printemps dernier (bon, va falloir que je trouve des rimes plus riches que ça, parce que franchement, la poésie de bazar, ça va bien cinq minutes... !), et a décidé de tout réformer, vite fait, bien fait. C'est normal, il paraît que c'est pour ça qu'il est arrivé. Pour réformer. Pour régler les problèmes de ceux qui l'ont fait venir.
Alors Zorro s'est attelé à la tâche. Il s'est entouré de conseillers, d'alliés, de gens de confiance, histoire sans doute de pouvoir s'attaquer à beaucoup de ces problèmes qui gênent tant ceux qui l'ont fait venir, et ce en même temps. C'est normal : Zorro est humain, simplement, et un humain étant faillible, il a fort raison de s'entourer d'autres humains pour le conseiller.

Alors gentiment, tranquillement, Zorro a commencé son travail. Et pour cela, il est grandement aidé par la liste des choses qu'il avait promis de faire avant son arrivée. Parce qu'il est gentil, Zorro. Il avait dit avant même d'être là ce qu'il ferait si les gens le faisaient venir. Pour être certain que si on le faisait venir, on le laisserait faire ce qu'il disait qu'il ferait, histoire de ne pas après se retrouver avec des tas de gens mécontents qui hurlent dans les rues à la trahison. Je l'aime bien, Zorro. Il est prévoyant. Comme tous ceux qui voulaient venir à sa place, d'ailleurs. 
Simplement, je me pose quand même des questions sur ses priorités. Ca fait environ six mois qu'il est arrivé, dans un endroit où les gens qui y vivent ont beaucoup de mal à trouver, ou à garder un travail. Et quand ils en ont un, beaucoup ont du mal à en vivre, parce que c'est souvent un travail précaire, ou alors à temps partiel (et qu'en plus, les gens, ils aimeraient bien travailler plus pour gagner plus, mais que les gens qui donnent le travail, ils ne veulent pas les payer plus parce que ça leur coute trop cher, alors ils les font travailler moins. Peut-être qu'ils se disent que, comme ça, ceux qui veulent travailler plus, ils pourront trouver un autre travail partiel pour compléter le premier et que comme ça, ils gagneront plus ?). Alors notre Zorro, il a promis qu'il aiderait les gens à travailler, qu'il ferait tout pour ça. C'est bien. Et puis il a promis aussi qu'il aiderait le pays à sortir de la crise, parce que ça, c'est drôlement important, pour pouvoir mieux vivre. Parce que la crise, c'est pas bon, ça, pas bon du tout : ceux qui ont des choses à vendre, ils ne peuvent plus les vendre parce que ceux qui voudraient bien les acheter, ils n'ont plus d'argent pour le faire. Alors il faut aider tout le monde, ceux qui veulent vendre, et aussi ceux qui veulent acheter, pour que tout le monde aillent mieux. C'est vrai, quoi ! On a demandé à Zorro de venir aussi pour ça !

Et vous savez ce qui m'horripile ? C'est que Zorro, au lieu de s'occuper de ceux qui ont perdu leur travail, de ceux qui veulent acheter mais n'ont pas d'argent ou de ceux qui voudraient vendre mais n'ont pas d'acheteurs, eh bien Zorro, lui, il s'occupent de demander à ceux qui font les lois de refaire des lois pour régler des problèmes que la loi règle déjà ! Et ce qui est le plus drôle, c'est que c'est exactement le reproche qu'il faisait au Zorro d'avant, celui qui était là mais qu'on a mis dehors parce qu'il a plus aidé ceux qui n'ont pas de problèmes que ceux qui en ont.
Mais peut-être que je vais trop vite et que vous ne comprenez pas ce qui m'horripile.
Zorro a décidé, et c'était une de ses promesses d'avant de venir, qu'on allait donner à tout le monde le droit de se marier. Parce que oui, ici, il y a des gens qui ont le droit de se marier, et des gens qui n'ont pas le droit de se marier. C'est bizarre, et c'est injuste, paraît-il ! Pourquoi un homme et une femme ont-ils le droit de se marier, mais pas deux hommes, ou deux femmes, ou un père et sa fille, ou encore une femme et un homme qui est déjà marié à une autre femme ? C'est vrai, quoi ! Y'a pas de raison ! C'est injuste, et puis c'est inégalitaire, ça. Alors que là où on est, il y a une jolie devise qui dit : "Liberté, Égalité, Fraternité". Si le deuxième mot n'est pas respecté, il paraît que c'est plus une devise. Ben mince alors.
Soit. 
Alors Zorro, comme il est bon et gentil et qu'il veut que tous les gens soient égaux, il a dit qu'il allait les autoriser à se marier. Et puis il s'est paraît-il rendu compte que bon, c'est pas tout à fait vrai : un père et sa fille n'auront pas le droit de se marier entre eux, ça ne serait pas correct, normal ou moral. Et puis si un homme (ou une femme) est déjà marié, il n'a pas besoin de vouloir se marier encore. Il n'a qu'à divorcer d'abord et se remarier ensuite, après tout, il faut mettre un peu d'ordre là-dedans. Donc finalement, il n'y a plus que les femmes entre elles et les hommes entre eux que ça concerne, cette histoire de mariage. 
Mais la question de savoir pourquoi exactement ils veulent se marier, ceux-là, reste posée ! Parce qu'on peut se demander à quoi ça sert, d'être marié ? J'ai regardé une définition, dans le droit, qui dit que :
Le mariage crée un rapport d'alliance entre chaque conjoint et les parents de l'autre. Il légitime sous certaines conditions de preuve les enfants naturels que les conjoints auraient pu avoir ensemble antérieurement. Il émancipe le conjoint mineur. Il crée des rapports de droit entre les conjoints : devoirs réciproques de cohabitation (communauté de vie), fidélité, assistance et, sur le plan patrimonial, devoir de secours. Les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille ; pendant le mariage, ils exercent en commun l'autorité parentale ; tous deux choisissent d'un commun accord la résidence de la famille (1).
Sauf qu'il y a là un tout petit problème, qui semble avoir quelque peu échappé à Zorro : deux hommes ensemble, ou deux femmes ensemble, ça ne peut pas avoir un bébé. Exit donc les question de légitimité des enfants naturels nés du couple, ou bien encore l'exercice en commun de l'autorité parentale (puisqu'en théorie il n'y a pas d'enfants). Ah oui, mais on me répond qu'en vertu du fait qu'un homme peut se marier avec une femme, avoir des enfants avec elle, puis divorcer et se remarier, s'il se met en couple avec un autre homme, c'est cet autre homme qui devrait partager l'autorité parentale. Euh... ben non, puisque la maman, elle existe toujours, non ? Sauf si elle est morte, et que les pauvres petits, ils n'ont plus que leur père et son conjoint pour prendre soin d'eux.
Mais justement, ce qui m'horripile, c'est que la loi l'a déjà prévu, ce cas de figure : les parents peuvent déléguer l'autorité parentale ! 
Alors ceux qui veulent se marier entre hommes ou entre femmes veulent aussi pouvoir protéger leur conjoint en cas "d'accident de la vie" comme on dit maintenant. C'est louable, généreux, gentil, toussa et toussa encore. Mais il n'y a pas besoin de se marier pour ça : il suffit d'aller voir un notaire et de l'écrire noir sur blanc : "À ma mort, je veux que mon conjoint soit protégé, et pour ça, je lui donne ceci, et cela, etc.". Donc ça m'horripile parce que en fait, on ne veut créer cette loi que pour piquer leur boulot aux notaires. C'est ça ? Faire des chômeurs de plus ?
Bon, je m'égare.

Ceux qui veulent se marier entre hommes ou entre femmes demandent aussi, puisqu'ils ne peuvent pas avoir d'enfants naturellement, à avoir le droit d'en avoir autrement (par l'adoption, par la PMA). Et pour avoir le droit à l'adoption ou à la PMA, ici, il faut être marié. C'est pour cela qu'ils veulent avoir le droit de se marier. Vi, vi, j'ai bien compris, c'est vrai. Ils veulent des enfants ! Super !!! Tant mieux pour les pauvres petits orphelins qui n'ont pas de parents et qui là, vont en trouver des gentils, super-aimants, qui vont bien s'occuper d'eux. C'est formidable. Mais ce qui me chagrine un tout petit peu, là, c'est que l'enfant, celui qui n'a pas de parents et à qui on va donner des parents, en fait, il est un tout petit peu oublié. On pense surtout aux adultes qui veulent avoir des enfants, et non pas aux enfants qui n'ont pas de parents. D'ailleurs, ceux qui veulent se marier ont bien dit qu'ils voulaient aussi un "droit à l'enfant", que ce soit par l'adoption ou par la PMA. Et ça, ça m'horripile aussi un tout petit peu. Parce que c'est un peu comme si on disait que l'enfant est une télé, ou un congélateur, ou encore une maison : "j'ai droit à un logement, je fais ce que je veux avec mon argent et mon pouvoir d'achat, si je veux m'acheter une télé ou un congélo, je ne vois pas pourquoi je n'en aurais pas le droit !"
Ben oui, bien sûr que n'importe qui peut aller dans un magasin s'acheter autant de télévisions et de congélateurs qu'il veut, ça, par contre, ça ne m'horripile pas du tout. Mais il y a juste une petite chose qu'on semble avoir oubliée : un enfant n'est pas un objet, mais un sujet. De droit en plus. Il a des droits, ce cher petit. Si. Il a le droit de vivre dans une famille, mais en plus, il a le droit de vivre avec son père et sa mère, et encore en plus en plus, il a le droit de savoir qui sont son père et sa mère. Et que même beaucoup de psychologues et de psychiatres, d'éducateurs, disent que c'est drôlement important pour un enfant d'être élevé par un père et une mère (mais pas par deux pères ou deux mères, voire par trois ou quatre, si jamais il prend à l'un des parents de divorcer et de se remarier encore après l'arrivée du "petit" dans le foyer familial). Donc ça m'horripile, cette histoire de "droit à l'enfant". C'est comme pour la PMA, ça. C'est même encore plus horripilant, la PMA, parce qu'en plus, ça ajouterait une vraie inégalité à une égalité de fait : actuellement, les couples de femmes et d'hommes sont égaux devant la PMA : aucun n'y a droit. Mais si deux hommes ont le droit de se marier entre eux, et deux femmes ont le droit de se marier entre elles, la PMA pourra être autorisée pour ces couples. Sauf qu'en réalité, il n'y a que les couples de femmes qui pourront avoir la PMA, puisqu'il n'y a que les femmes qui ont un utérus. Et qui donc peuvent porter des bébés. Les hommes, ils n'en ont pas. Alors pour régler cette inégalité de fait, on va en créer une autre encore, en autorisant les couples d'hommes à utiliser la GPA (vous savez, ce sont ces femmes qui se font payer pour louer leur utérus à des couples qui ne peuvent pas avoir d'enfants, dans certains pays). Et là, je vous le donne en mille : on va donc faire des femmes des objets, et qui plus est, des objets qu'on peut acheter ou louer par petits bouts. "Vous m'mettrez un utérus et les z'ovaires qui vont avec, m'dame Michu, siouplé !" 
Alors ce qui m'horripile, là, c'est qu'après avoir fait des enfants des objets, on va faire des femmes aussi, des objets. C'est marrant, hein ? De tout temps, les femmes ont été dénigrées, jugées comme inférieures... et ce qui est encore plus drôle, c'est que c'est au nom de l'égalité entre hommes et femmes qu'on en arrive là. Il y a un truc qui me pose question quand même : est-il possible de faire de l'homme un objet, pour rétablir l'égalité ?
Pis y'a autre chose encore : Zorro, il a bien dit qu'il fallait à tout prix que les hommes et les femmes soient égaux. C'est pour ça qu'il y a autant d'hommes que de femmes parmi les gens qui le conseillent. On appelle ça la "parité". C'est bien, la parité. C'est noble.
Ben vous savez quoi ? Zorro, il veut mettre la parité partout, sauf dans les familles, dites ! Il veut qu'il y ait des familles 100% hommes, ou 100% femmes ! et 0% parité.
Et ça aussi, ça m'horripile.

Il y a encore d'autres choses qui m'horripilent au plus haut point, comme le fait que Zorro soit d'accord tacitement pour que la presse ne montre qu'un côté des choses : ceux qui sont d'accord avec lui. Ou encore qu'il tienne tellement à marier les hommes entre eux et les femmes entre elles qu'il a dit (par la bouche de sa ministre de je ne sais plus quoi) que d'accord, on écouterait tout le monde, ceux qui sont d'accord comme ceux qui ne sont pas d'accord, mais que de toute façon, ça se fera comme ça, un point c'est tout ! (un peu de discipline dans les rangs, voyons !).
Et pour être sûr et certain que ceux qui font les lois prendront les décisions dans le sens qu'il veut, il a demandé à un autre de ses conseillers, Monsieur Erwann Binet, de convoquer tous ceux qui ont quelque chose à dire, mais surtout ceux qui sont d'accord. Histoire d'éviter les longs et fastidieux débats avec "ceux qui n'ont pas d'arguments". C'est quand même bien plus simple comme ça.

Alors ce qui m'horripile finalement, c'est que Zorro, il a décidé de décider tout seul. C'est plus notre sauveur, c'est notre nouveau dictateur.

Va nous falloir vite fait un autre Zorro pour rétablir un peu de démocratie, là. Non ?

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Source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/mariage/68271#383985

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