dimanche 10 avril 2011

En voiture !

Ce dimanche, Gwen nous a proposé un atelier simple et sympa :

Sur la route des vacances !
Racontez-ce trajet – pépère ou bien explosif, planifié ou bien complètement improvisé – avec au moins trois personnages et quelques péripéties pour mieux nous amuser… Pas d’autre limitation ce dimanche, profitez-en!

J'avoue m'être bien amusée à l'écriture de ce petit texte. J'espère que vous prendrez plaisir à le lire !


En voiture !

« Chérie, tu es prête ? Il faut y aller !
- J'arrive ! Tu as pensé à couper l'eau ?
- Et le gaz, oui. J'ai fermé les volets et les légumes qui restaient sont dans la glacière.
- Et les enfants ?
- Aussi. Mais tu sais, il n'ont plus 3 ans, hein ! Et j'aimerais qu'on commence à avancer avant qu'ils ne se réveillent !
- Oui, je sais. J'arrive... »

Et voilà, ça y est. Il est 5 heures du matin et nous sommes sur le point de partir à l'autre bout du pays. Mais pourquoi faut-il toujours que Papa et Maman se disputent au moment du départ ? De toute façon, on commence toujours par un tour de chauffe. Ils feraient mieux de nous laisser dormir et de revenir nous chercher après le faux départ. Au moins, ils auraient une raison valable de revenir à la maison avant le vrai... Qu'est-ce que ça va être, cette fois ? Le GPS ? Le chargeur du téléphone portable de maman ? La glacière ? La porte d'entrée qu'ils auront oubliée de fermer, croyant chacun que l'autre l'a fait ? Les paris sont ouverts !
En tout cas, Camille et moi, on est peinards. On a tout ce qu'il faut : baladeur, gâteaux, oreillers, couette : de quoi manger, se distraire et dormir. Survivre, quoi, à 1000 km de voiture.

***

Ouf, ça y est, nous sommes partis ! Comme d'habitude, il a fallu faire marche arrière. A la sortie de la ville, devant l'hypermarché où maman fait les courses, elle s'est rendu compte qu'on avait oublié... Oscar ! Si ! Véridique ! C'est une première, celle-là, ils ne nous l'avaient jamais faite ! Ca doit être une question d'association d'idées, ça : Hypermarché = courses = manger = croquettes = chien = Oscar.
Moi, j'espérais que pour une fois, il resterait à la maison. Florent, lui, il l'aime, ce chien. Pas moi. Je ne comprends pas d'ailleurs comment, lui et moi on peut être frère et sœur. Pire : jumeaux.
En tout cas, ça y est : nous sommes sur la route pour au moins 12 heures. Il est 5h30 du matin, et je suis déjà malade. C'est cool. Comme d'hab', je vais donc dormir, ou faire semblant, pendant tout le voyage. Rien d'autre à faire, de toute façon : si on me parle, je vais vomir. Au moins, comme ça, j'aurai la paix. Florent est pénible en ce moment avec ses blagues vaseuses. Il est pénible...

« Camille, tu dors ? Florent, qu'est-ce qu'elle a, ta sœur ?
- Ben je sais pas, moi ! Elle dort, ouais, j'crois. Ou p'têt' qu'elle fait semblant, la chochotte !
- Florent ! Si ta sœur est fatiguée, c'est normal qu'elle dorme ! Elle s'est levée tôt !
- Ouais c'est ça. Et pas nous, peut-être ? Bon, on arrive quand, maman ?
- Le GPS indique 17 heures, mais il faudra qu'on s'arrête pour manger et faire de l'essence...
- C'est bon, j'ai compris. Réveillez-moi pour le déjeuner, alors !
- Ah, ces enfants ! François, tu ne dis rien ? Tu as vu comment Florent me parle ? Et Camille qui m'ignore !
- Calme-toi, Maud. Au moins, quand ils dorment, ils ne se tapent pas dessus, et nous, on est tranquilles ! »

***

« Les enfants, vous venez m'aider à sortir le pique-nique ! Florent ! Va faire faire un tour à Oscar, s'il te plaît !
- Maman ! J'ai pas fini ma partie !
- Tu la continueras après le repas ! Et baisse le son : cette musique électronique va me rendre dingue !
- Ouais, Florent ! Et toi, ta DS va te griller les deux neurones qui te restent !
- C'est ça, Camille ! En tout cas, les miens, il servent, eux !
- Maman !!! Florent, il m'a...
- J'ai entendu, Camille. Mais avoue que tu l'as cherché, cette fois ! Viens plutôt m'aider ! »

Eh voilà, le grand cirque recommence. Je vais les laisser se débrouiller et je vais marcher un peu. Ça me fera du bien, et au moins, je serai un peu dans le calme. Je les aime, tous les trois. Maud est une femme merveilleuse et les enfants sont formidables, pleins de vie... Mais bon, 1000 bornes enfermés dans une voiture, ça laisse des traces. J'ai hâte d'arriver. Et je vous jure que si l'un d'eux a le malheur de me réveiller demain matin, ça va faire très mal !

***

« Maman ! Camille est toute blanche !
- Camille ? Ça ne va pas, ma chérie ?
- ...
- Mais réponds-moi, enfin !
- ...
- Maman... J'crois que si elle ouvre la bouche, ça va pas être beau, c'qui va sortir !
- Enfin, François ! Arrête-toi, voyons ! Tu vois bien que ta fille est malade !
- Ta fille ! C'est pas la tienne peut-être ?
- Arrête ! Tu sais ce que je veux dire !
- C'est bon, je m'arrête, mais pas longtemps, parce que sinon, on n'arrivera jamais !
- Vite, François, elle n'est vraiment pas bien... »

Ma pauvre petite Camille... elle n'a jamais supporté la voiture. Chaque trajet de plus de 15 minutes est un vrai calvaire pour elle. Je pensais qu'avec le temps, ça passerait, mais non. Comment faire pour qu'elle supporte mieux les voyages ? On ne va quand même pas rester à la maison toutes les vacances à cause d'elle, si ? Ça ira peut-être mieux quand elle aura le permis, mais elle n'a que 13 ans...

***

La voiture s'engagea dans l'allée menant à la propriété des parents de Maud. Camille fut la première à ouvrir la porte et elle resta quelques instants assise dans la voiture, avant d'aller marcher au grand air. Mamie Colette, comme à chacune de leurs arrivées, se dirigea directement vers Maud qu'elle déchargea de son sac de voyage. François commença par pester de se voir ignoré de la sorte par sa belle-mère puis, philosophe, il fit le tour de la voiture pour aider ses enfants et son beau-père à la décharger. Il salua le père de Maud d'un signe. Tous les deux savaient ce qu'il en était. Au bout de 17 ans, ils n'avaient plus besoin d'explications : un regard et un sourire suffisaient.
Florent se mit à courir avec Oscar dans l'allée par laquelle ils étaient arrivés. Il ramassa un bout de bois et le lança au chien qui partit à fond de train : ils avaient tous les deux besoin de se dégourdir les jambes.

« Et comment va ma jolie princesse ?
- Bien, Papi Pierre. J'ai été malade sur la route, mais...
- Ta mère et ta grand-mère n'ont jamais supporté la voiture non plus, Camille. Ca passera quand tu conduiras.
- Oui, Papi, je sais. Tu me le dis à chaque fois qu'on arrive...
- Je ne suis qu'un vieux radoteur, hein ? »

Camille sourit à son grand-père. Certaines choses ne changeaient pas. Et elle espérait que ça ne changerait jamais, même si au fond d'elle-même, le petit pincement revenait.

Elle ferma les yeux un instant, puis les rouvrit : les vacances commençaient, et elle était bien décidée à en profiter.


Amélie Platz, 10 avril 2011

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