dimanche 6 novembre 2011

Epistolaire toi-même !


Gwen nous a concocté un exercice plutôt sympa, et en plus, il « collait » très bien avec un autre jeu, chez Asphodèle cette fois-ci. Ce texte est donc le résultat du jeu de Gwen, qui fait suite à celui d'Asphodèle, les Plumes de l'année, avec les mots en J (ici).

Voici la consigne de Gwen :


Bonjour à toutes et à tous Wens,
allez, ce week-end, on va faire quelque chose de connu, quelque chose de simple, avec juste une légère variation pour changer un peu.
Il s’agit d’écrire une lettre (ou un mail) qui commencera par ces mots :
Il est minuit. Cette journée m’a épuisé(e).
Et se terminera ainsi :
Je vous embrasse de la façon indécente qui, je m’en souviens, vous plait*. 
Vous pouvez vous mettre dans la peau de qui vous voulez et écrire à qui vous le souhaitez.
Les missives sont à expédier à atelier(at)skriban(point)eu ou bien à mon adresse personnelle. Rendez-vous dimanche à 18 heures pour la distribution et l’ouverture du courrier.
  • Ces deux phrases sont extraites du roman épistolaire de Jacqueline Harpman, Le passage des éphémères. 



Mon Jacques,

Il est minuit. Cette journée m'a épuisée. Et pourtant, j'ai l'impression d'avoir une énergie incroyable. Cette énergie, je la dois au souvenir de notre nuit à l'hôtel. Vous vous en souvenez, peut-être... Pour moi, cette nuit et la journée qui a précédé ont tout changé. Vous savez, après, je n'ai plus jamais été la même. Dans vos bras, je suis devenue une femme. J'étais jeune pourtant. A peine dix-huit ans. Mais personne par la suite ne m'a plus jamais prise dans ses bras avec la tendresse et l'amour que vous m'avez prodigué durant ces quelques heures que nous avons passé ensemble. Et vous savez ? Même mon mari ne m'a jamais donné ce que vous m'avez apporté. Parce que vous m'avez fait devenir femme. Et ça, un seul homme pouvait le faire. Cet homme, c'était vous, tout simplement. Et je ne l'ai jamais oublié. Je ne vous ai jamais oublié.

J'ai eu du mal à vous retrouver. J'ai fait de nombreuses recherches, interrogé beaucoup de monde, fait des pieds et des mains pour retrouver votre trace. Heureusement que vous n'êtes pas une femme... ça aurait sans doute été plus difficile, malgré la nouvelle loi sur les noms de famille (une aberration, cette loi, soit dit en passant !). J'aurais fait n'importe quoi... parce que cet amour pour vous est indéfectible !

J'ai une confession à vous faire, un aveu de ma passion pour vous. Vous le savez, la passion peut amener à des actes inconsidérés. Personne n'a compris, malgré la soudaineté de l'événement. Mais une fois que je vous avais retrouvé, je ne pouvais plus rester dans cette vie qu'Henri avait choisie pour moi. J'ai donc pris mes dispositions, afin de faire enfin ce que me disait mon cœur, même si j'aurai mis pour cela plus de quarante ans. Je n'ose vous le dire, ne souhaitant pas voir le souvenir que vous pouvez avoir de moi être altéré de la sorte. Malgré tout, je me dois d'être honnête avec vous, comme dans tout couple, je vous dois la vérité.

J'ai tué mon mari. C'était si facile. Il était malade du cœur. Une dose un peu forte de digitaline a suffit pour l'endormir définitivement. Mais je ne suis pas un monstre. Il n'a pas souffert. Son cœur s'est simplement arrêté. Sans violence, sans brusquerie. Je suis donc libre, vous n'avez qu'un mot à dire et je serai vôtre. J'attends maintenant un simple signe de votre part.

En attendant, je vous embrasse de la façon indécente qui, je m'en souviens, vous plaît.

Votre Jacinthe.




4 commentaires:

  1. J'aime beaucoup les 2 textes. L'amour absolu fait-il faire des miracles ou des monstruosités ? Peut-être un peu les 2 ?Et que va répondre Jacques??

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  2. Elle prend des risques cette jacinthe . Aller avouer son crime à Jacques : très dangereux tout cela :-)

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  3. Et elle lui avoue son meurtre comme ça ? En tous cas, c'est toujours aussi bien écrit et vivant. :-)

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  4. très bonne, l'idée, et ta manière de le dire, tout simplement comme si elle annonçait qu'elle revient de faire ses courses ! Il va flipper, le Jacques...

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