vendredi 16 décembre 2011

La Nostalgie des pinces

J'ai mené une dure bataille aujourd'hui. J'étais passée en mode "nostalgie bretonne", et quand j'ai fait les courses ce matin, j'ai décidé de me faire plaisir. Et j'ai donc craqué pour des crevettes et des pinces de crabes.
Comme je me méfie de la poissonnerie en Alsace, étant donné la proximité de la mer, j'ai préféré prendre des crevettes et des pinces déjà cuites. Et puis, franchement, vu mon emploi du temps aujourd'hui, c'était plutôt une bonne idée : plus qu'à ouvrir le paquet et... déguster.

Sauf que...
Sauf que voilà. Si ça s'est très bien passé avec les crevettes, qui n'ont pas montré la moindre mauvaise volonté à se laisser manger, les pinces de crabes, elles, ont fait de la résistance. Et puis aussi, je ne suis pas outillée pour faire face à leurs attaques violentes tout autant que brutales. 
Lorsque je vivais en Bretagne, il y avait plusieurs choses qui me paraissaient évidentes : les crevettes et les crabes, quand on les achète, ils se doivent d'être vivants, voire très vivaces. C'est d'ailleurs un truc rigolo, l'achat des fruits de mer. Certains crabes n'ont aucune envie de passer à la casserole et se carapatent vite fait dès que le sachet est ouvert ! Je me souviens d'un début de course-poursuite dans la cuisine de mes parents, c'était assez cocasse. On devrait leur apprendre la notion de coopération, quand même, ce serait bien plus simple pour tout le monde. Mais beaucoup moins drôle aussi. Bref.

L'autre chose évidente aussi, c'est qu'il faut être armé pour faire face aux bestioles et à leurs défenses. Mais pas avec n'importe quoi. Par exemple, couteau et fourchette sont totalement inefficaces, de même que le marteau, le tournevis ou la scie. Non, il vaut mieux un bon casse-noix et des piques à fruits de mer, ces sortes de petites fourchettes à deux dents très longues et très fines.
Oui mais voilà, en Alsace, ce genre d'ustensile est assez rare et difficile à trouver. J'ai donc dû ruser.
Les casse-noix, oui, on en trouve, et des tas, avec des formes très variées, des ronds qui accueillent bien les noix et permettent de les casser sans rompre les cerneaux, des gros qui écrabouillent tout, à condition de ne pas avoir besoin d'être très précis, et qui permettent de soumettre de nombreuses noix en travaillant à la chaîne, par exemple.
Pour ce qui est des modèles familiaux, nous avons le type rond à deux branches, totalement inutile pour les pinces de crabes parce qu'il est fermé à un bout et trop large à l'autre. Et nous avons le type "écureuil", qui se rapproche le plus de ce que j'ai connu en Finistère. J'ai donc tenté aujourd'hui de m'en faire un ami... qui s'est révélé être un traître !


D'abord parce que l'ouverture est limitée en largeur, et que les différents endroits où la pince doit être cassée étaient trop étroits ou au contraire trop larges. Et puis, parce que n'étant pas prévu pour un tel usage, le cassage de la pince était plutôt violent, projetant des morceaux partout dans la cuisine... et sur moi. Le pire, c'est que pour une fois, j'avais eu envie d'accompagner la dégustation des pinces avec de la mayonnaise ! Si je vous dis que mon tee-shirt ne s'en est pas remis, cela vous donne-t-il une petite idée des événements qui ont bouleversé l'ordonnancement de ma cuisine dans laquelle je passe tant de temps en ce moment ????
J'ai fini par en venir à bout, non sans mal, mais s'est ensuite posé la question de "comment je fais pour récupérer les morceaux de chair bien planqués au fond, qui n'attendent que ma dextérité pour les en faire sortir ?" Et c'est là que j'ai eu l'éclair de génie : la fourchette. Une bête et banale fourchette, mais utilisée à l'envers, avec le manche (plat, le manche, sinon ça ne rentre pas, et pas trop large non plus, sinon c'est mission impossible) comme racloir intérieur.
Bref. Usant de ruse, de patience et de finesse, j'ai pu prendre le dessus dans le combat meurtrier qui m'a opposée à mes quatre pinces de crabe. Et... vous savez quoi ?
Elles ont perdu !!! (et j'ai mangé, et c'était drôlement bon, d'ailleurs...)

Nostalgie, quand tu nous tiens...

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