(Photo : Romaric Cazaux)
« Comme il joue
bien, Maman ! »
Magda était debout,
devant le café-brasserie parisien où sa mère était venue passer
la fin d'après-midi avec elle, en attendant l'heure du train. Le
pianiste était habillé de cuir, les cheveux bruns peignés en
arrière, maintenus en place à l'aide d'une bonne dose de gel qui
lui donnait un faux air de rocker sorti tout droit des années 60 ou
70. Il jouait sans regarder autour de lui, comme si rien ne comptait
plus que la musique. Il enchaînait les trilles et les fioritures sur
une interprétation plutôt personnelle de Gershwin, que la petite
Magda découvrait et dévorait en silence, avec l'insouciance de
l'enfance et un grand sourire qui éclairait son visage dans ce
moment hors du temps. La musique la berçait depuis ses premières
semaines, aussi la petite fille était-elle toujours très heureuse
d'en écouter, y compris la plus hermétique qui soit pour des
oreilles si jeunes. C'était pour elle, déjà, une véritable
passion. Elle avait la musique dans le sang, qui lui faisait
découvrir des mondes inconnus et inatteignables pour elle qui
n'avait que cinq ans.
Caroline, la maman de
Magda, terminait son assiette de desserts. Depuis quelques temps,
elle ne vivait plus que dans l'immédiateté, profitant au maximum de
ce que la vie lui donnait. Il n'était pas question pour elle de se
laisser envahir par la tristesse ou la déception. Chaque événement
se devait d'être important, unique. Caroline voulait vibrer en
écoutant de la musique, chavirer devant une création nouvelle ;
elle voulait se sentir en confiance, malgré l'absence de celui
qu'elle avait aimé. Devant elle, son thé vert sentait bon la
bergamote et réchauffait la peau douce de ses mains entourant la
tasse.
Ce voyage qu'elle allait
entreprendre avec sa fille était loin d'être une partie de plaisir.
Caroline savait que, seule, ce ne serait pas facile. Dans le
labyrinthe de sa vie, rien n'était simple, et la jeune femme était
à l'affut du moindre événement, de la plus petite coïncidence
susceptible d'aiguiller ses choix de vie. Ce matin-là, elle avait
établi une connexion entre une réflexion de sa mère, au téléphone
et l'endroit où, petite, elle passait ses vacances. Elle avait
décidé d'y retourner, même si, selon sa mère, c'était impossible
de retrouver l'endroit exact. Depuis le temps, la colonie avait
sûrement disparu. Mais Caroline se disait que ce serait bien le
diable si elle ne trouvait personne qui puisse la renseigner sur ceux
qui, durant deux décennies, avaient fait vivre ce lieu de vacances.
Ce serait long, mais il n'était pas dit qu'elle se laisserait
démonter par la première difficulté.
(A suivre)
Amélie
Platz, 25 avril 2012.
Voici ma participation au
jeu d'Olivia, Des mots, une histoire, où il fallait
introduire les mots suivants :
immédiateté
– assiette – création – café – peau – trille – absence
– bergamote – confiance – peigne – hermétique –
insouciance – facile – tristesse – sourire – diable –
déception – labyrinthe – sang – coïncidence – chavirer –
connexion
et au
jeu de Leiloona, Une photo, quelques mots de cette semaine.
Oh oui ! la suite ! la suite !
RépondreSupprimerHi hi ! Il va falloir attendre un petit peu : je vais partir en vacances ! (d'où la publication un peu en avance... )
SupprimerMerci pour ton passage ici, et pour ton enthousiasme !
Très finement écrit.J'apprécie baucoup le rapport à la musique et l'inquiétude naissante quant à ce voyage vers l'enfance,souvent fauteur de trouble mais si nécessaire.
RépondreSupprimerMerci beaucoup ! La question de l'influence de l'enfance sur l'âge adulte m'interpelle beaucoup en ce moment.
SupprimerTu as réussi une très belle entrée en matière. Retrouvera-t-on les personnages prochainement?
RépondreSupprimerJ'espère bien qu'on va les retrouver ! Merci pour ta visite !
SupprimerBonjour Amélie
RépondreSupprimertu nous as mis l'eau à la bouche avec art et finesse de sentiments.
Moi aussi je pars sur la trace.
Belle journée
Antonio
Merci Antonio ! bonne chasse, alors ! :)
Supprimertrès bon texte, un défi de mots bien réussi.
RépondreSupprimerAmicalement
Violette
Merci Violette. L'histoire s'est écrite assez facilement, cette fois !
SupprimerSont bien attachantes, ces 2 petites là!
RépondreSupprimerMerci ! J'espère qu'elles vont continuer à te plaire à l'avenir...
SupprimerExcellent départ effectivement... La scène s'est présentée à moi tout naturellement éclipsant les mots imposés. Bien joué !
RépondreSupprimerCoincoins naturels
Eh bien... merci ! Contente que ça te plaise !
SupprimerTrès bien écrit, on en redemande !
RépondreSupprimerMerci Miss ! J'écrirai une suite, c'est certain !
SupprimerLa suite s'impose, c'est un très beau texte.
RépondreSupprimerIl y en aura une ! Merci !
SupprimerUne belle entrée en matière maintenant on attend la suite. A bientôt :P
RépondreSupprimerCa va venir, mais pas tout de suite : je pars en vacances ! :)
SupprimerUne nouvelle histoire qui commence, chouette alors ! :D Ton univers est toujours si bien rendu, on y est directement. :D
RépondreSupprimerMerci Ceriat !
SupprimerLes enfants nous donnent souvent le bon exemple : revenir aux choses essentielles et apprécier l'instant présent.
RépondreSupprimerTrès joli texte, les émotions sont bien décrites et on est avec ces deux personnages-là. ;)
Oui, les enfants ont le don de nous remettre "sur les rails" ! :)
Supprimeret hop voilà comment on arrive à cumuler deux consignes de deux ateliers amis et voisins; c'est magnifique et on attends évidemment la suite.
RépondreSupprimerA tantôt
avec le sourire
C'est surtout, pour moi (oui, j'avoue !) une aide à l'écriture : plus il y a de contraintes et d'accroches, et plus écrire est "facile" :)
Supprimerla photo l'emporte sur les mots imposés qui sont invisibles. Beau texte dont j'attends la suite comme tout le monde
RépondreSupprimerMerci ! Les mots se sont glissés assez facilement, effectivement...
SupprimerEncore les vacances ?...
RépondreSupprimerMener un texte avec double contrainte, c'est bien. Ecrire une histoire qui nous retient et qui ouvre sur un tas de possibilités, c'est excellent. @ la prochaine fois et bonnes vacances
Merci Soène ! Eh oui... ici, c'est la dernière zone ! Et j'avais bien besoin de vacances. Maintenant, j'ai de la lecture en retard ! ;)
SupprimerJe m'aperçois que je n'avais pas lu ton adorable histoire, voilà qui est fait. :D J'aime beaucoup, comme d'habitude la manière dont les mots cheminent au fil de ton texte. :D
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