mercredi 9 mai 2012

Petit hors-sujet, mais sur un sujet qui me tient à coeur (et d'actualité, pour une fois !)

Une fois n'est pas coutume, j'ai décidé de sortir de ma réserve et de faire part ici de mes inquiétudes et de mes doutes quant à l'avenir de notre pays, au regard des élections qui viennent de se dérouler en France. Je vous rassure tout de suite, je suis parfaitement consciente de la partialité de mon propos, et, surtout, des lacunes que j'ai en matière de connaissances économiques, de santé, de politique sociale, européenne et tout et tout. Je ne parle là qu'en tant que citoyenne lambda, avec les convictions qui sont les miennes et, surtout, mes doutes et incertitudes.

Plusieurs choses me turlupinent, certaines me semblant bien plus graves que d'autres.
Tout d'abord, je tiens à préciser que j'ai eu le sentiment, cette année, de n'avoir pas réellement le choix, malgré le nombre de candidats aux élections présidentielles au premier tour. 10, c'est déjà pas mal, et pourtant, entre les extrêmes dont je ne veux pas, qu'ils soient de gauche ou de droite, et les partis "classiques" type PS et UMP, dont je ne veux pas non plus, mais pas pour les mêmes raisons, il ne restait que le MoDem, et pourtant, pour des raisons éthiques, je répugnais à voter pour M. Bayrou.
C'est pourtant ce que j'ai fait, tant la politique menée depuis 5 ans me posait problème et l'alternative proposée par le PS ne me semblait pas crédible et efficace à long terme non plus.

Est arrivé le 1er tour, avec les résultats que l'on sait. J'ai finalement été soulagée de ne pas voir M. Bayrou dans les trois premiers ou, pire, en challenger de M. Hollande, comme cela avait pu être brièvement évoqué il y a plusieurs mois maintenant. Mais effarée devant les résultats de Madame Le Pen : décidément, la mémoire est quelque chose de très, très éphémère...

Arrivés au 2e tour, nous avions un choix à faire, qui, pour moi, s'est traduit en un "ni..., ni...", avec une forte attirance pour l'abstention ou le vote blanc. Je m'explique.
Voter pour M. Sarkozy était équivalent à donner ma caution à sa politique, alors que depuis le jour de son élection, je sais que ce fut une erreur monumentale que de mettre cet homme au pouvoir. Les faits, tout le monde les connaît : une politique migratoire détestable, une politique fiscale honteuse, une politique de santé scandaleuse quant aux choix faits pour combler soi-disant le trou de la sécurité sociale (c'est bien plus simple de taper toujours sur les mêmes en dé-remboursant les médicaments plutôt que de s'attaquer aux vrais problèmes, à savoir les fraudes venant des professionnels qui surfacturent des actes qu'ils ne pratiquent pas par exemple, ou de demander aux entreprises, qui en sont exemptées pour je ne sais quelle raison, de payer réellement les charges sociales qu'elles doivent (et je ne parle pas là des emplois aidés, mais de toutes les ristournes qu'obtiennent de grandes entreprises pour leur permettre de rester "compétitives" sur le marché mondial où le coût du travail est moins élevé qu'en France). Forfait d'un euro par ci, médicaments non remboursés par là, suppression d'un fonctionnaire sur deux "à l'aveugle" ailleurs, en particulier dans les hôpitaux, où les soins se retrouvent déshumanisés parce qu'il faut faire de plus en plus vite avec de moins en moins de personnel... vous savez tous de quoi je veux parler), et une politique sociale qui, sous couvert d'aides qui seraient indues, met le doute sur l'honnêteté des plus démunis et ne fait que diviser les populations en instaurant une défiance insupportable. Une politique abjecte donc, dans certains domaines, mais qui a porté ses fruits dans d'autres : même si c'est en partie dû aux conditions extérieures (hausse des prix du gaz et du pétrole et grand froid en hiver qui ont dopé artificiellement la croissance économique au premier trimestre, soutien artificiel à l'industrie automobile par la prime à la casse...), il faut avouer que la politique économique de M. Sarkozy a, à mon sens, limité la casse, même si on ne peut nier le nombre incroyable de personnes nouvellement au chômage. Par ailleurs, il y a eu des avancées en matière de droits des malades, et la loi Léonetti n'est pas la moindre dans ce domaine. J'y reviens tout à l'heure.

Voter pour M. Hollande, alors ? En ce qui me concerne, c'est non, définitivement. Ce qu'il propose, c'est ni plus ni moins d'augmenter encore les dépenses d'un État déjà exsangue, et cela sans vraiment pouvoir s'attaquer aux causes de la dette, faute d'une véritable politique économique cohérente au niveau européen. Pire, à mes yeux : il va bouleverser totalement les repères sociétaux concernant la vie même. Je ne parlerai pas ici de la famille, pourtant grande future perdante à mon sens de la politique prônée par notre nouveau président, mais uniquement de la bioéthique qui est la seule chose qui a pour moi réellement fait pencher la balance du côté de M. Sarkozy au second tour, au détriment de M. Hollande. S'il y a quelque chose qui est sacré, je pense, c'est bien la Vie. Or ce que nous promet notre nouveau président, c'est tout simplement de légaliser le fait de donner volontairement la mort par l'euthanasie. La loi autorisant l'avortement était bien pensée, au départ, pour les cas extrêmes et les situations exceptionnelles, tout comme la proposition de loi qui sera faite très bientôt sur l'euthanasie. Mais on le voit aujourd'hui, 37 ans après : le nombre d'avortements ne baisse pas (je n'ai les chiffres que depuis 10 ans, on peut penser qu'ils étaient moins élevés au début des années 80, où la mentalité n'était pas encore "prête" à banaliser cet acte). Aujourd'hui, et depuis 2002 au moins, le nombre d'avortements oscille entre 200.000 et 220.000 par an. Pour qui, comme moi, pense que la vie commence à la conception (on ne me fera pas croire qu'un fœtus dans le ventre de sa mère n'est pas un être vivant, sous prétexte qu'il a besoin du corps de sa mère pour vivre ! Il n'y a qu'à voir les échographie de fœtus de quelques semaines pour se rendre compte qu'ils ont déjà tout ce qui fait un être humain !), il s'agit ni plus ni moins d'un véritable génocide. Vous imaginez, dans notre pays, 200.000 personnes tuées par an ? Est-ce acceptable ? Si ces personnes étaient ailleurs que dans le sein de leur mère, on serait sans doute scandalisés, mais du moment que ce sont des êtres qui n'ont aucun droit à la parole et pour qui tout le monde prétend savoir où se trouve leur intérêt, alors on peut se permettre de ne pas leur donner le droit de vivre... 
La question que je me pose, c'est, au sujet de l'avortement, où sont passées les personnes qui doivent "éduquer" les jeunes, leur donner un minimum de valeurs et de sens moral, de discernement tout simplement, afin de leur permettre d'agir avec bon sens pour éviter une grossesse trop précoce ? Où sont passées les personnes à qui les femmes peuvent parler quand elles sont en détresse ? Comment se fait-il que le Planning Familial ait retiré des informations qu'il dispense toutes les autres alternatives à l'avortement en cas d'impossibilité d'élever l'enfant ? Comment une loi prévue pour des cas exceptionnels permet-elle aujourd'hui à des femmes d'utiliser l'avortement comme moyen de contraception, non plus exceptionnel, mais habituel ? En plus de la loi, les associations pro-avortement font de la désinformation, laissant supposer qu'il n'y a pas d'autre alternative. Et M. Hollande propose de rembourser les avortements. Si on voulait en faire la promotion, on ne s'y prendrait pas autrement. Or un avortement fait toujours des dégâts sur celle qui le subit. Dégâts psychologiques, physiques aussi... On marche sur la tête quand même : quel bien y a-t-il à se faire du mal ?
Avec la prochaine loi sur l'euthanasie, on touche là à un nouveau tabou, celui de la mort.
Finalement : un avortement ou une euthanasie, même remboursés à 100%, coûteront forcément moins chers à la société que de financer l'accueil d'un enfant abandonné à la naissance ou d'apporter l'aide financière nécessaire à la maman pour prendre soin elle-même de son enfant, et à l'autre bout de la chaîne, de financer un accueil pour une personne très dépendante, âgée, dans des maisons de retraite de plus en plus chères ou de construire des lieux de vie pour les personnes lourdement handicapées... Et n'allez pas me dire qu'il n'est pas question d'euthanasier les personnes âgées ou handicapées. Pour l'heure, bien sûr, l'intention n'y est pas. Mais l'homme est ce qu'il est et l'économie aussi : la loi Léonetti permet déjà de soulager la souffrance de la personne en fin de vie, quitte à avancer un peu l'échéance, puisque c'est comme ça que fonctionne la morphine en particulier et que nul ne l'ignore. Mais la différence avec l'euthanasie, c'est que l'intention n'est pas de donner la mort, mais de soulager la souffrance. Certains objecteront que c'est hypocrite, il n'empêche que l'intention de donner la mort ou de soulager la souffrance, ce n'est pas pareil.
Vous l'avez lu plus haut, la politique menée par M. Sarkozy ne me plaît pas dans de nombreux domaines, mais au moins, il a cherché à préserver la vie et donné un cadre légal à sa fin. Mieux, il l'a protégée en refusant d'aller dans le sens de ceux qui, de plus en plus nombreux, demandent à obtenir le droit à l'euthanasie. Ce que ne fait pas M. Hollande. Pour moi, c'est rédhibitoire. Et je ne suis pas loin de penser que le pire est à venir.
Il y a fort à parier qu'avec un discours pareil, je sois taxée de "réac", mais tant pis : j'ai bien plus peur de ce qui va venir que de ce qu'on peut dire de moi. La vie est sacrée, à mes yeux. Et nous avons déjà les moyens de "mourir dans la dignité" avec les lois existantes. Pourquoi une nouvelle loi ?
Ce qui me fait le plus peur, c'est de savoir que des jeunes de 17 ans se demandent pourquoi on garde en vie des jeunes de leur âge polyhandicapés et grands dépendants, en posant la question : "Mais qu'a-t-il de la vie ?" Pour avoir une sœur handicapée (heureusement, pas autant que d'autres), je sais que la question de savoir ce que ces personnes attendent de la vie n'a pas de réponse évidente. Personne n'est dans la tête d'un handicapé. Et que dire de ces personnes qui vivent prisonnières dans leur corps, sans pouvoir bouger ni parler, mais qui, pour autant, voient leurs facultés intellectuelles intactes ? Ne faudrait-il pas plutôt chercher comment les soigner, relancer les programmes de recherche sur ces maladies plutôt que de chercher comment contourner le problème d'un médicament perdant son monopole et étant donc promis à la copie à moindre coût, pour le plus grand bonheur (ou malheur, c'est selon), des laboratoires pharmaceutiques ? 
La loi sur l'euthanasie passera, parce que la nouvelle génération n'a plus les repères moraux suffisants pour s'y opposer. Les responsables, ce sont les adultes qui n'ont pas su ou voulu leur montrer l'importance de la Vie. Nous passons dans une société de mort, où la mort elle-même s'inscrit dans la loi. Pauvre France.

Maintenant, que ceux qui ne sont pas d'accord s'expriment ici : je serais ravie d'être rassurée !
M. Hollande est notre président, pour les cinq années à venir. Je lui souhaite toute la sagesse nécessaire pour gouverner de manière juste. L'avantage d'avoir un autre président, c'est que tout espoir est permis et que rien n'est encore écrit. A lui de prendre les bonnes décisions, pour le bien et le respect de tous, en particulier des plus petits, des plus fragiles et des plus démunis, quel que soit le sens de ce que l'on met derrière ces mots.

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